Viator : « Je ne suis pas encore à la retraite »
Publié le 10/01/2018
Eddy Viator avait quelque peu disparu des radars depuis sa dernière saison à Singapour en 2016. Puis on a retrouvé le défenseur de 35 ans, presque par hasard, au détour d’un coup de fil à la Solidarité Scolaire (Régionale 1) avec qui il s’est engagé mardi. L’ancien joueur de Châteauroux ou Amiens, arrivé au pays en décembre 2017 après un long exil en Asie, s’est fixé un objectif en rejoignant le promu : (re)porter le maillot des Gwada Boys.
Eddy, quelle surprise de vous revoir ici !
Grosse surprise oui pour ceux qui me connaissent et sont ici. Mais moi, j’avais dans la tête de rentrer depuis un an. Ça ne s’était pas fait pour plusieurs raisons, notamment personnelles.
Que deveniez-vous ces derniers mois ?
Mon contrat s’est terminé à Singapour en 2016, j’ai ensuite essayé de resigner dans un club en Malaisie, ça ne s’est fait pas fait non plus. Donc je suis rentré en France en 2016-2017. Je me disais que je pourrais peut-être rejouer là-bas et puis finalement non. Je me suis alors retrouvé dans un camp d’entraînement à Ivry-sur-Seine (Evina Football Camp), je tiens d’ailleurs à remercier l’entraîneur qui m’a beaucoup aidé. Je me suis surtout entraîné et j’ai fait une quinzaine de matches contre des équipes au Luxembourg. J’ai eu des touches avec le Paris FC avec qui j’avais l’occasion de jouer avec la réserve. Et puis finalement, j’ai décidé de rentrer en Guadeloupe.
Après votre expérience au Toronto FC en MLS (2011), vous avez fait un long bail en Asie (six ans). Qu’avez-vous trouvé là-bas ?
Un cadre de vie ! Le quotidien est exceptionnel. Les gens s’imaginent que ces pays sont en retard mais ce n’est pas le cas du tout. Ils sont même bien en avance sur beaucoup de choses. La qualité de vie est supérieure à l’Europe, la nourriture n’est pas chère, le coût des voyages non plus. J’avais un appartement et une voiture mis à disposition par le club. C’était vraiment tranquille.
Pourquoi ne pas être resté dans ce « paradis » ?
Le problème, c’est qu’en Asie, les clubs ont des quotas de joueurs étrangers. Quand j’ai signé là-bas en 2012, deux joueurs étrangers étaient autorisés. Ensuite, ils sont passés à 3 puis 4. Malgré cela, ça reste compliqué pour resigner dans un club. Ils aiment bien voir de nouveaux joueurs dans les équipes. Donc sans travail, c’est compliqué d’assurer le quotidien. Pour avoir de l’argent et nourrir sa famille, il faut bien travailler.
Quel est le niveau du championnat en Malaisie ?
Au niveau des structures, ils sont en retard. Sur la qualité du jeu, ça va encore. C’est difficile de comparer avec le football européen mais pour donner une fourchette, ça vaut le National-Ligue 2 et les deux-trois meilleurs clubs de Malaisie ont le niveau du bas de tableau de Ligue 1. Après, tout dépend des saisons. Niveau salaire, ça reste très correct, les joueurs touchent des 20 000 – 30 000 dollars par mois.
« Six ans sans Gold Cup, c’est une anomalie »
Vous allez retrouver les terrains. Pourquoi avoir rejoint la Solidarité Scolaire et pas un autre club ?
Le Président a entendu dire que j’étais là donc il m’a appelé. A la base, ça crée déjà quelque chose. Il m’a expliqué un projet qui me semble bien. Donc je me suis dit pourquoi pas. En gros, premier arrivé, premier servi !
A 35 ans (36 en juin prochain), dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je veux retrouver les Gwada Boys. Si le sélectionneur a besoin de moi, je suis là. Il faudra aussi que j’ai un bon niveau. Mais il faut que les jeunes s’accrochent (rires) ! Car c’est bien beau de dire qu’ils ont les dents longues, mais moi aussi j’ai les dents longues. Je ne suis pas encore à la retraite. Quand on rentre au pays, si on a un peu d’ambitions, on veut aller chez les Gwada Boys. La sélection peut t’ouvrir des portes. En 2011, j’avais signé à Toronto car les dirigeants m’avaient vu à la Gold Cup.
Que faut-il pour que la sélection retrouve des couleurs ?
Il faut d’abord un terrain d’entraînement et de match spécialement pour la sélection. Ça passe déjà par là. Ensuite, les joueurs appelés, qu’ils soient professionnels ou locaux, doivent montrer un minimum de sérieux. Le sélectionneur n’a pas à faire le gendarme, les joueurs doivent se responsabiliser. Six ans sans Gold Cup, c’est une anomalie avec le vivier qu’on a. Pour moi, c’est dommage et incroyable. Le but du jeu, c’est désormais de qualifier l’équipe pour la Gold Cup.
Propos recueillis par Ph.B.
Eddy Viator en bref
Né le 2 juin 1982 à Colombes.
1,80 m; 78 kg.
Poste : défenseur central.
Club actuel : Solidarité Scolaire.
Anciens clubs : Châteauroux (2002-2007), Granada FC (2007), Amiens (2008-2011), Toronto FC (2011), Felda United (2012-2013, Malaisie), SPA Putrajaya (2013-2015, Malaisie), Tampines Rovers (2015-2016, Singapour).
Finaliste de la Coupe de France avec Châteauroux (2004).
17 sélections avec la Guadeloupe.